Tandis que la France “d’en haut” célébrait un braillard alcoolo, un fraudeur fiscal accro à l’arbre à cames, pour complaire à une France “populaire” décérébrée, à quelques centaines de mètres de là, le Pays Basque marchait pour demander à la même France d’en haut, de faire mouvement en faveur de la paix et des prisonniers basques dispersés dans l’hexagone et la péninsule.
Ils étaient venus de nos lointaines provinces pour faire entendre leur voix à l’endroit même où la France d’en haut se sait toute puissante.
Ils étaient des milliers, jeunes et aussi moins jeunes, bravant la lassitude d’un long voyage et de nuits blanches, partageant le temps d’un week-end la fatigue des familles des preso qui vivent ce calvaire chaque semaine, pour rendre visite à l’enfant, au parent, incarcéré à des centaines de kilomètres.
Elles étaient là ces familles, plus dignes et plus motivées que jamais en dépit de la souffrance de la séparation, en dépit des vexations subies depuis des décennies, en dépit du danger encouru sur le trajet des visites, en dépit de la mort qui rôde au détour d’une route enneigée.
Ils étaient là les marcheurs fluorescents au terme du long périple de prison en prison pour dire aux incarcérés, on ne vous oublie pas, et aux autorités, ne les oubliez pas.
Ils étaient là, en tête de cortège, nos élus pour peser de tout leur poids sur la balance afin que le fléau de la justice penche enfin vers la paix et l’application du droit aux prisonniers basques.
Ils étaient là les joaldun, balayant embûches et entraves sur le chemin de la paix, chassant l’esprit mauvais de la haine et de la vengeance.
Ils étaient là. Nous étions là. Pour demander que les gouvernements de Paris et de Madrid appliquent enfin à nos preso le droit, le droit commun, en les rapprochant au plus près de leurs familles, en libérant les libérables, en relâchant les malades pour être correctement soignés.
Oui, elle était belle cette communion de tout un peuple, si loin de sa maison, si proche de ses exilés et de ses emprisonnés. Paris, Madrid, entendez son cri. Le temps de la haine et de la vengeance est révolu. Les artisans de la paix vous l’ont dit à Luhuso en décembre et à Bayonne en avril. Vous ne pouvez pas rester sourds durant des mois encore. Il en va de la paix, il en va de la vie.
Urdamuno
Cet article Ils étaient là est apparu en premier sur Enbata.